Je suis entré à la Compagnie Electro-Comptable (C.E.C) de France en Octobre 1944 pour rejoindre le
service commercial.
Je vais vous raconter deux visites en France de la famille Watson.
Nous sommes en 1948 : Les Watson (le PDG d’IBM Corp. son épouse et leurs
deux fils Thomas et Arthur) devaient
arriver par le Queen Mary à Cherbourg.
Des collègues dont Louis quittent Paris pour accueillir la famille Watson. Monsieur
Borel, alors PDG d’IBM France, était parti séparément ayant prévu une escale
sur la route.
Il arriva ce qui arrive souvent. Le Queen Mary arriva avec quelques heures d’avance
et Monsieur Borel n’était pas sur le quai. Un des
commerciaux ne sachant que faire décida d’acheter des places dans le
train, en voiture n° 1.
Il informe l’agence parisienne qui arrive à joindre Monsieur Borel et voilà tout
ce beau monde qui refait au plus vite le voyage dans l’autre sens afin
d’accueillir, à Paris cette fois-ci, les Watson.
Tout va pour le mieux, sur le quai de la gare tous les IBMers se placent en
rang d’oignon: les plus anciens embauchés en premier et étant le dernier
embauché, je me retrouve en dernier afin de recevoir les saluts du PDG de la Corporation. Mais le train est arrivé de manière inversée,
c'est-à-dire que la voiture n°1 s’est retrouvée au bout du quai. C’est donc moi qui ai reçu la première accolade, à mon grand
émoi.
Rapidement Monsieur et Madame Borel sont arrivés.
1948 - Arrivée gare Saint Lazare: Mlle Jane Watson, W. Borel, T.J. Watson, J. de Neuflize, A.K. Watson, P. Desouches |
Pour l'anecdote, dans ce même train circulait le
secrétaire général des Nations Unies. Il
y avait tout un cordon d’agents de police avec des fourragères : Watson, bien
entendu, a cru que tous ces honneurs étaient pour lui.
Juin 1950 : nouveau voyage de Monsieur Watson en France
Le PDG d’IBM Corp. a été nommé Docteur Honoris Causae de la faculté de
Grenoble. Monsieur Watson décide de s’arrêter
à Lyon. J'étais alors directeur de l’agence de Lyon dont dépend Grenoble. En
1950, le maire de Lyon était Monsieur Edouard
Hériot également 1er
ministre. Monsieur Watson voulait absolument rencontrer Monsieur Hériot et me l’avait signifié
très clairement. Mais je ne voyais pas comment faire d’autant
que durant les week-ends, Monsieur Hériot n’était pas disponible.
C’est alors que j'apprends qu’une manifestation a lieu le dimanche et qu'il s’agit du « bi-centenaire de l’académie
de Lyon ». Monsieur Hériot se devait d’y assister. Sur les conseils du consulat
des Etats-Unis, j'amène à cette manifestation Monsieur et Madame Watson.
Pendant la cérémonie, les deux
hommes ne se sont pas beaucoup entretenus mais Madame Hériot qui parlait anglais a
sympathisé avec Madame Watson. De fil en aiguille, Madame Watson a souhaité remercier
Madame Hériot pour son accueil et a demandé qu’un déjeuner soit organisé au plus
vite. Et voici un nouveau challenge, puisque j'ai du en quelques heures trouver le lieu idéal : in fine tout
s’est parfaitement bien déroulé grâce à ces dames.
Ce voyage en août a coïncidé avec le
début la guerre de Corée. Monsieur Watson m'a demandé d’envoyer le dimanche un télégramme à la Maison Blanche pour
informer le Président des Etats Unis Monsieur
Harry S. Truman de « la mise à disposition d’IBM pour les Etats-Unis pour
le dollard symbolique comme précédemment lors de la Seconde Guerre Mondiale »
Après j'ai changé de métier. Je suis devenu responsable des activités
promotionnelles extérieures et des relations avec la presse. Outre les Sicob (Salon des industries et du commerce de bureau), mes meilleurs
souvenirs sont liés aux manifestations sportives notamment le Tour de France.
En 1963, le Tour de France demande à IBM de monter un centre de calcul pour
faire les classements à l’arrivée des étapes. La solution consistait alors à
équiper chaque coureur d’une carte perforée. Toutes les cartes étaient
stockées sur un ratelier. Dès que
l’équipe d’IBM recevait le document du chronométrage, elle sortait les cartes, les perforait et les
mettait dans la tabulatrice. C’était extraordinaire car IBM donnait le classement en moins de 20 minutes.
Cette solution idéale pour le cyclisme a servi lors de plusieurs éditions
du Tour de France, du Dauphiné Libéré et également du Midi libre.
Les responsables des « 24 h du Mans » ont également demandé à IBM de trouver une solution pour disposer de résultats presque immédiatement. C’est ainsi qu’un centre de calcul a été installé. Pour perfectionner sa solution, les équipes de la Gaude ont été mises à contribution. Un ingénieur de la Gaude, Monsieur Cohendé, a mis au point un détecteur avec des batteries autonomes. C’était remarquable.
Sous la route, IBM avait fait passer un câble. En roulant dessus, les voitures étaient identifiées par signal, envoyé directement à l’ordinateur, ce qui permettait d’avoir le classement tour par tour. Chaque voiture avait un émetteur avec sa propre identification .
IBM a continué à
améliorer ses solutions pour les « 24h du Mans » jusqu’en 1978 avec à la fin des moyens plus classiques basés
sur le téléprocessing.
Source CARA
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